Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/86

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l’avoir toujours mérité en agissant au mieux des intérêts d’Israël. »

Crémieux naturellement opine du bonnet et délivre au bon Judas le certificat demandé.

Ce serait dommage d’ailleurs de ne pas donner la harangue que s’adressent mutuellement les deux Gaspard.

Deutz parle comme un brave député de l’Union républicaine, comme son coreligionnaire Gambetta il dirait, volontiers : « le cléricalisme c’est l’ennemi.

Cet écrit, dit-il[1], n’est pas une justification qu’il présente à ses juges, il n’en a pas besoin et sa conscience, le plus intègre et le plus sévère des juges, lui dit assez qu’en étouffant la guerre civile près de se rallumer plus active et plus dévorante, en épargnant le sang de tant de généreux citoyens, en frappant de mort ce parti, irréconciliable ennemi de nos libertés, il a rendu au pays un immense service.[2]

J’ai sacrifié, conclut-il, à mes convictions de citoyen mes intérêts d’homme.

  1. Deutz : Arrestation de Madame. Lire également dans les Mémoires de M. de VielCastel tome II, le récit d’une étrange conversation à propos de Deutz, entre le maréchal Bugeaud et Romieu.
  2. Remarques que le gaillard n’est pas plus Français que Spuller qui est né de parents Badois, ou que Leven qui est né à Francfort, et qu’il n’a aucune espèce de raison pour se mêler de nos affaires.
    Ce Deutz est intéressant, en ce sens qu’il est en quelque sorte le précurseur de tous les entremetteurs d’affaires d’outre-Rhin : les Spuller, les Leven, les Reinach, les Strauss, les Bauer, les Meyer, les Wolff, les Blowits qui se sont abattus sur notre malheureux pays à la fin de l’empire, et qui ont pris une telle place depuis la République.
    Toute cette famille de Deutz semble sortir d’un roman de Disraeli.
    Drack, le beau-frère du misérable qui a livré Madame, l’époux de Sara, abjure le Judaïsme et est nommé bibliothécaire du duc de Bordeaux, sa femme s’enfuit avec ses enfants, Il fait pénitence dans la synagogue de Mayence, rejoint sa femme en Angleterre, retourne de nouveau au catholicisme et est nommé chevalier de l’Eperon d’or et bibliothécaire de la Propagande !