Page:Drumont - La France juive, tome premier, 3eme édition, 1886.djvu/465

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Ce qui frappe dans le comte de Chambord, je le répète, ce qui est vraiment pathétique, c’est l’antagonisme du tempérament qui se dérobe toujours et de la conscience qui pousse sans cesse à l’accomplissement du devoir.

Après la lettre du 27 octobre, qui ne parut que le 30, parce que l’Union la garda trois jours sans vouloir l’insérer et ne se décida qu’au reçu d’un télégramme impératif, on croit tout fini. Le 17 ou le 18 novembre, le comte de Chambord arrive à Versailles.

Qu’elle est émouvante cette journée du 19 novembre 1873, qui décida peut-être du sort de notre pays ! Les députés monarchistes qui se tenaient dans la maison voisine de celle du comte de Vanssay où était descendu le Roi savaient que le comte de Chambord était à Versailles, sans se douter qu’il était à deux pas d’eux... Ils suppliaient M. de Monti, M. de Blacas, M. de la Bouillerie, de leur faire connaître l’endroit où se trouvait l’auguste voyageur, ils s’accrochaient à eux pour les décider à parler.

Quelle était la situation ? Cent députés étaient prêts à se grouper sur la place d’Armes pour faire cortège au Roi ; dès qu’on les aurait vus entrer à l’Assemblée en criant Vive le Roi ! cent cinquante autres se seraient joints aux premiers et auraient poussé le même cri. La royauté reprenait tranquillement possession du palais de Louis XIV, elle était restaurée d’acclamation par les représentants du pays.

Le Roi n’eût rencontré aucune difficulté. Sur un mot de lui, Mac-Mahon serait venu lui présenter ses hommages et prendre ses ordres. Ducrot était tout à lui, Charrette aurait marché à ses côtés. Si le duc de Broglie subissant, comme nous l’avons dit, l’influence de Léon Say, qui déjà flattait Gambetta, l’homme des Juifs, n’avait pas aidé à la restau-