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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/115

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que les autres membres de sa famille ; sa femme est d’une insupportable arrogance.

Tout ce monde est plus ou moins maussade et quinteux. Les uns ont la moelle épinière entamée ou un épanchement de la synovie, comme Edmond ; les autres deviennent aveugles de bonne heure, comme Nathaniel qu’on promenait dans une petite voiture à travers ces appartements magnifiques, dont le luxe n’existait plus pour lui. On les trouve mal élevés, ils sont surtout moroses, ressentant, comme la plupart des autres Juifs, au sein d’une scandaleuse opulence, ce qu’on a appelle : « la grande misère de tout. » Ils n’ont aucun stimulant, aucun mobile d’action, ils ont voulu conquérir la France, ils l’ont conquise et ils sentent qu’elle meurt sous leur souffle délétère, qu’ils n’ont à eux qu’un cadavre.

Alphonse a de l’esprit ou plutôt une sorte d’humour anglaise tournée à l’aigreur et à l’ironie qui, maintenue, par le besoin de ménager la haute société qu’il méprise, s’épanche parfois en saillies fantasques, en allusions désobligeantes et taquines. À ces brusques incartades, les convives rient jaune, les valets s’esclaffent en dessous et le baron ajoute en gouaillant : « Voulez-vous du Romanée[1] ? »

  1. Un souvenir d’Arsène Houssaye sur la général Fleury atteste combien ces parvenus ont peu de notion de la véritable politesse, de cette politesse qui vient naturellement d’un cœur élevé. Un jour qu’Arsène Houssaye avait à dîner le général Fleury, il donne la place d’honneur à l’ancien grand écuyer. — « Oh ! Oh ! S’écrie Fleury, foila à quoi je ne suis plus habitué. Il fut un temps où le vieux Rothschild me donnait la place d’honneur, peut-être parce que mes vins n’étaient pas plus mauvais que les siens. Après la guerre, je fus encore invité dans cette maison, mais on me mit au second rang, puis au troisième, puis au bout de la table. »
        Un gentilhomme, — je ne parle pas de ceux d’aujourd’hui, —