Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/120

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cette scène, en ont conservé un souvenir qui n’est pas près de s’effacer.

Après avoir refusé la veille de recevoir l’homme de la prétendue Défense nationale, Bismarck le fit attendre deux heures dans le vestibule, sous le Tiepolo.

Cette fois encore notre ennemi se montra tel que la Postérité le verra, profilant des défaillances de conscience de son adversaire, mais ne manquant pas pour lui-même aux devoirs stricts de la conscience, ne commettant, somme toute, aucun acte qui pût empêcher le salut de son âme. Les hommes du 4 Septembre s’étaient rendus coupables d’un crime de lèse Patrie en faisant une révolution devant l’étranger, en chassant la représentation nationale. Cet acte, ils pouvaient encore, sinon le réparer, du moins l’atténuer en consultant le pays, en lui demandant loyalement s’il voulait la paix ou la guerre. Bismarck leur en facilita les moyens et, certainement, montra à Jules Favre où était la voie droite, honnête, patriotique. Le malheureux vieillard refusa pour pouvoir conserver le pouvoir quelques jours encore.

Après avoir congédié d’un geste dédaigneux ce déclamateur qui, recourant, dans une entrevue comme celle-là, à une mimique de cour d’assises, faisait semblant de pleurer, le prince, dit-on, resta quelques instants pensif. Ce grand mâle, à coup sûr, n’était point de ces sensibilisés qui, pareils à ceux qui s’attendrissent sur la bonté des Rothschild, larmoient, comme certaines femmes s’oublient, par une sorte de relâchement des tissus. Le cœur qui battait dans cette rude poitrine n’en ressentait pas moins peut-être quelque virile pitié en songeant à tant d’hommes, enfantés dans la douleur par les mères, qui allaient expirer sur les champs de bataille, afin que quelques millions de plus entrassent dans ce logis de Juifs.