Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/165

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On ne saurait trop, néanmoins, encourager le gouvernement à récompenser de préférence ses fidèles par des permissions de tripot que par des fournitures. En ce dernier cas, c’est la sécurité même de la France que compromet le bon plaisir ministériel.

La discussion du 28 février 1884, sur les fournitures accordées aux industriels de Besançon, suffit à montrer comment les choses se passent pour les adjudications. M. Georges Perin, avec un patriotisme et une clairvoyance qui surprennent chez un républicain, émit cette idée qui frappa la Chambre d’étonnement, que généralement les places frontières étaient les premières assiégées en temps de guerre et que les magasins et les ateliers d’habillement nécessaires à l’armée étaient plus convenablement installés à l’intérieur. Si les fournitures avaient été maintenues à Besançon, c’est qu’il y avait une cause et cette cause était un Juif, le Juif Veil-Picard, le fameux Veil-Picard que nous rencontrons à chaque instant dans ce livre, partout où l’on agiote, où l’on tripote, où l’on complote une affaire d’argent.

Le sous-secrétaire d’Etat de la guerre, Casimir Périer, proteste qu’il est innocent, et le ministre de l’intérieur, Waldeck-Rousseau, déclare hardiment qu’il ne connaît pas Veil-Picard. M. Georges Périn le convainc immédiate-

    de lui remettre un certain nombre de portées toutes préparées, des biscuits, comme on dit, qui lui auraient permis de prendre la banque à coup sûr. Vergoin craignit sans doute que les relations qu’il se ferait là ne fussent un peu mêlées et donna sa démission. Remarques, encore une fois, au point de vue du chemin parcouru, depuis 1870, de l’accoutumance, que le fait pour un ancien magistrat, pour on représentant du peuple, d’accepter la présidence d’un tripot, ne choque personne ; cela paraît tout naturel.