Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/194

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la pauvre comtesse eut honte et se contenta de faire un tour dans la salle au bras du petit youtre. L’exhibition n’est elle déjà pas assez triste comme cela[1] ? Pour moi, je l’avoue, ces abaissements m’affligent toujours. N’est-ce point navrant ce joli nom d’Aimery, qui a je ne sais quel parfum Moyen Age, et fait songer à l’Aymerillo de Victor Hugo, ce grand nom de la Rochefoucauld, qui rappelle des siècles d’héroïsme, des batailles gagnées, les Maximes, — tout cela sali par la promiscuité d’un ancien secrétaire de Blanche d’Antigny ? Je suis un peu comme Veuillot et je trouve « que ces gens-là me trahissent personnellement, me volent quelque chose » en disposant d’un nom dont ils n’ont pas le droit de disposer.

Ne vous y trompez pas, néanmoins, Arthur Meyer est la seule personnalité littéraire que les gens du monde puissent endurer[2]. Après les livres, ce qu’il haïssent le plus ce sont

  1. L’amour des Juifs, d’ailleurs, est très développé dans cette famille. C’est une parente de la comtesse Aimery — si ce n’est la comtesse elle-même — qui faillit se noyer par amour de la Juiverie. Elle était dans sa villa du lac de Genève, lorsqu’on lui annonça que la baronne de Rothschild venait de Preigy la voir dans son bateau à vapeur. Transportée par l’honneur d’une telle visite, la comtesse s’élance, renverse tout sur son passage ; sur la passerelle qui conduit au bateau, elle veut prendre les trois temps de la révérence comme à Versailles, elle chavire, elle tombe à l’eau, et les Juifs se livrent, à propos de cette chute, à des plaisanteries d’un goût douteux.
  2. Il y a des exceptions, cependant, mais elles « produisent tonjours en faveur des Israélites. Le Juif, flatteur, insinuant, cajoleur, endort le patricien, le berce doucement ; le Français, qui lui dirait franchement la vérité, qui lui apporterait l’écho de la vie, le déconcerterait, la troublerait, le réveillerait.
        Le duc de Chaulnes, dont la mère a été abreuvée d’outrages par la presse juive, fut le dévoué protecteur d’Eugène Müntz, dont nous parlions tout à l’heure ; il l’aida à continuer ses travaux et la veille de sa mort, il prit, par une touchante prévoyance, les dispositions