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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/196

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Il faut te dire, bien entendu, que je n’aurais pas été chez les ducs. Mais les ducs et vidames me devaient bien une invitation, ne fût-ce que pour la collection que je fais de ces cartons illustrés.

Du reste, constatation faite de la mort de la Politesse française dans le noble faubourg, j’ai songé que c’était la troisième fois que cela m’arrivait, au nom des pauvres, avec la même Saïnara. Voici l’anecdote :

La première fois, la duchesse de Magenta me fit prier de donner pour les pauvres, à l’Odéon, la primeur de Saïnara. Dame ! C’était dur ! Après trois ans d’attente, sacrifier ma première ! Je le fis néanmoins, pour les pauvres.

La bonne grosse dame ayant appris que j’étais au Rappel, ne daigna même pas venir voir la pièce qu’elle m’avait demandée. Elle fit mieux : elle menaça d’arriver au milieu. Ce qui était une chute pour moi.

Elle ne vint pas du tout (bon Dieu soit loué !), mais personne ne me remercia. Un !

La deuxième fois, ce fut Mme de Metternich qui me fit demander de donner — en abandonnant mes droitsSaïnara à Vienne, sur le théâtre de la Cour, avec elle comme actrice, au bénéfice des inondés de Szegedin. J’abandonnai les droits. J’écrivis une lettre de Français heureux de voir ses vers être utiles à des Hongrois ! On joua. Grand succès. Beaucoup d’argent pour Szegedin. Pas un mot de remerciement. Deux !  !

Avec les La Rochefoucauld, même politesse.

Trois !  !  !

Je crois qu’il ne faut pas que ces notes pour l’histoire d’une race qui s’en va soient perdues. Aussi je te les lègue. Il est bon que ces choses soient dites un jour ou l’autre.

A toi,
e. d'hervilly.
26 juin 1883.

Non, mon cher confrère, il ne faut pas que ces notes pour l’histoire d’une race soient perdues, c’est pourquoi je réimprime la lettre ici.

Le duc de Bisaccia n’en reste pas moins un homme fort dévoué à sa cause, fort généreux même à l’occasion, mais