Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/200

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images de l’art gothique, seront remplacés cette fois par un accessoire de cotillon.

Si vous voulez voir combien la destinée d’un journaliste chrétien est différente de celle d’un journaliste juif, regardez les hommes qui entourent Meyer. Allez au Gaulois, vous trouverez, à côté du Meyer blafard, un beau cavalier, un gentilhomme béarnais qui a ressemblé un peu à Henri IV. Brave, non point seulement en duel, mais dans la rue, il l’a prouvé lors de la manifestation de la place Vendôme, M. de Pêne est resté, malgré une production incessante, un écrivain de race ; parmi les milliers d’articles qu’il a improvisés il n’en est pas un seul qui n’ait un trait, une phrase où se révèle l’artiste qui sait bien tenir une plume. A quoi cela lui a-t-il servi ? Il est maintenant effacé derrière le petit circoncis qu’il a chaperonné dans le monde ; il n’a pu arriver à garder un journal à lui.

Prenez, si vous voulez encore, Cornély. On l’a appelé « un enfant de chœur perverti. » Je ne crois pas que le mot soit juste, mais j’incline à croire qu’il a subi un peu, au moment du succès, ce vertige malsain, cette vapeur pestilentielle qui se dégage du boulevard et qui est terrible, surtout pour ceux qui ont vécu en province. Je l’ai connu pauvre, digne de toutes les sympathies, dans cet intérieur vraiment charmant d’un jeune père de famille qui nourrit les siens de son travail. J’en puis parler en toute indépendance, car je n’ai jamais eu ni à m’en plaindre, ni à m’en louer. Il savait certainement que j’aurais eu plaisir à défendre mes idées chez lui, jamais il ne me l’a proposé ; il s’est confiné un peu trop alors, à mon avis du moins, et au point de vue de l’œuvre qu’il dirigeait, dans un milieu un peu restreint et boulevardier.