Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/211

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hommes dans toute la force de l’âge, d’une intrépidité incontestable, ils l’ont prouvé par leur mort, se laissèrent conduire à l’abattoir par une escorte de trente-cinq hommes qui ne demandaient qu’à les laisser s’évader. Tout le long du parcours, la population, qui était favorable, les encourageait à s’en aller. Dans le haut de la rue de la Roquette, une femme leur cria encore : « Sauvez-vous donc ! » Ils allèrent jusqu’au bout, tranquilles, « marquant le pas, dit Maxime du Camp, comme s’ils se rendaient à l’instruction. »

Au fond, les événements accomplis depuis dix ans en sont la preuve, il n’y a guère plus d’activité cérébrale, de faculté de décision dans un colonel que dans un garde-municipal.

Cette activité, cette décision, ce courage intellectuel, Eugène Mayer les possède.

Regardez encore avec moi ce curriculum vitae de Juif. Etudiez l’homme dans les siens, dans sa formation morale, dans son développement et vous serez stupéfaits de ce qu’une famille juive, prise en quelque sorte au hasard, peut remuer de choses, déranger de gens, dégager de mouvement autour d’elle.

Un des oncles de Mayer, protégé par les intendants Wolff et Gaffriot, fut chargé des fournitures militaires en Crimée et au Mexique, il gagna là une fortune énorme qu’il perdit dans des spéculations, fut mis à la tête de l’agence du Memphis el Paso, se lança dans une entreprise de lard et finit par quitter les États-Unis pour se réfugier à Bruxelles.

Un autre de ses oncles fut, de 1860 à 1862, directeur du Mont de piété de Cologne, y commit d’innombrables détournements et vint chercher un asile d’abord en France, puis en Angleterre. Il fut condamné aux travaux forcés à