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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/259

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Les femmes doucement envoyaient pour répons
A l’Eleiaon grec, les cantiques bretons.

Quand furent ânonnées les notes de cet Eleison, il y eut des transports de joie dans ce public du mardi, vous savez, ce fameux public du mardi qui sert de réunion à l’aristocratie et qui semble aux journaux conservateurs comme la résurrection de la vieille France. Ils étaient là battant des mains pour faire plaisir aux Juifs qui regardaient.

Combien j’estime davantage les Juifs de Breslau ! En 1876, on chanta dans les cafés-concerts une parodie du Lecho dodi, la belle mélopée que l’on entonne la veille du Kippour[1]. Ils vinrent tous les soirs, montrèrent le poing et dirent aux artistes : Essayez !

Il convient, je le sais, de reconnaître que sur les prétendues grandes dames qui figurent sans cesse sur le livre d’or des journaux mondains, le nombre de celles qui

  1. Le Lecho dodi fut composé par Jehuda ben Halévy, le célébre rabbin de Tolède. Lire à ce sujet le petit poème exquis, à la fois atendri et railleur, que Henri Heine a écrit sur ce sujet et où il évoque la figure de quelques poètes juifs du Moyen-Age à propos des Cours d’amour :
        « Le héros que nous chantons, Jehuda ben Halévy, avait donc aussi une dame de ses pensées, mais celle-là était d’espèce particulière.
        Ce n’était pas une Laure dont les yeux, astres mortels, avaient illuminé le jour du Vendredi-Saint, dans le Dôme, un illustre incendie ;
        Ce n’était pas une châtelaine qui, dans l’éclatante parure de la jeunesse, présidait aux tournois et décernait la couronne de laurier.
        Ce n’était pas une casuiste de la jurisprudence des baisers, ni une doctrinaire qui, dans une Cour d’amour, professait sentencieusement ;
        Celle que le rabbin aimait était une pauvre petite bien-aimée, triste et douloureuse image de ruines, et elle s’appelait Jérusalem. »