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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/282

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Le proxénétisme a gagné toutes les classes de la société. Le propriétaire qui loue à une prostituée un logement au triple du prix qu’il vaut ; le logeur qui l’héberge au même titre que le propriétaire ; le marchand de vins qui l’attire chez lui pour y attirer en même temps les clients, et qui, au besoin la protège contre les agents ; le charbonnier qui lui vend le combustible à faux poids ; l’épicier, le fruitier, la marchande à la toilette, la couturière qui lui font payer les marchandises plus cher qu’à une autre, jusqu’à la blanchisseuse qui lui surfait le prix de son repassage (attendu, dit-elle, que la prostituée n’a pas de mal à gagner son argent). Tous ces industriels, à des titres différents, sont en réalité autant de proxénètes qui poussent à la débauche parce que la débauche leur rapporte.

    toujours charmante, mais vadrouille à l’excès. Bullier est son bal de prédilection ; elle y va souvent avec son amie Félicie, bonne fille du Brabant, qui est maintenant tout à fait rétablie. » Rachel fait les délices de la Brasserie du Bar. « Par son regard langoureux elle nous invite à venir à ses tables. Comme son amie Valentine, elle est ennemie de la soulographie. » Le journal annonce qu’il va faire admettre dans les principaux bals de Paris une nouvelle polka de Henri Cohen : Paris Nocturne.
        Albert Delpit a publié sur ces brasseries une étude intéressante qui donne bien l’idée de ce que la Franc-Maçonnerie entend par l’éducation :
        « Tout le Quartier-Latin, dit-il, est infesté par les brasseries de femmes. Les collégiens y vont, abandonnant la classe ou l’examen, s’échappant, pour courir après ces prostituées de bas étage. Et j’évoquais les pauvres mères de famille qui croient leur enfant surveillé ! Leur enfant que l’ignominie guette, quand il ne peut pas encore se défendre, et que la curiosité inconsciente du premier âge livre aux entrepreneurs de débauche. Je suis entré successivement dans une demi-douzaine de ces brasseries et partout j’ai vu le même spectacle répugnant. Des femmes amorçant et caressant des collégiens de quinze à dix-huit ans, des êtres pales, flétris et déjà vieillots ! »
        — Ah ! si nous réussissons à fonder la République…, disait un jour Eugène Pelletan à Pontmartin, qui a raconté cette conversation, vous verrez… vous verrez !… son premier soin, son premier bien-fait sera de moraliser la France !