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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/363

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coup, il perdit le cœur et retourna tout court devant l’amiral, beaucoup moins résolu que devant, mesme en délibération d’en oublier le retour, n’eust été qu’il fut redressé par un ministre plein d’entendement et de persuasion.

Poltrot de Méré, arrêté, reconnut que c’était Coligny et Théodore de Bèze qui l’avaient excité a l’assassinat.

« Celluy qui a donné le coup à monsieur de Guyse, écrit Chantonay à son ami Josse de Courteville, confesse franchement que l’a fait, et semblablement que l’amiral de Chastillon et Théodore de Bèze l’ont persuadé de le faire et luy en ont donné cent escus. »

Le premier acte de Calvin, une fois tranquille dans une terre libre, avait été de faire brûler, avec des fagots de bois-vert, son ami Servet parce qu’il ne pensait pas absolument comme lui sur quelques points de métaphysique et qu’il s’obstinait à dire : Fils de Dieu éternel au lieu de Fils éternel de Dieu.

Coligny était de cette école. Vaincu il réclamait la liberté de penser. Vainqueur, ce prétendu apôtre de la tolérance était aussi implacable que le baron des Adrets. À Angoulème, il avait renouvelé les torches vivantes de Néron, et il attachait les religieux, qui tombaient entre ses mains, à des poutres, enduites de soufre, auxquelles il faisait mettre le feu. Un de ces malheureux, raconte Mézeray, avant d’expirer dans les tortures, avait prédit à l’Amiral de France le sort qui l’attendait. « Souvenez-vous de Jézabel, meurtrière des Prophètes ! Vous serez jeté par une fenêtre et traîné au gibet, et vous souffrirez, mort ou vif, toutes les indignités et toutes les cruautés que vous exercez maintenant sur les serviteurs de Dieu. »

Personne ne s’étonna que le fils de Guise vengeât la mort