Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/405

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animal domestique, ils en mangeoient toujours la teste la première.

Cette manœuvre, qui pouvait réussir et qui a réussi dans un pays comme l’Autriche où les Juifs sont tout-puissants, n’avait guère de chance de succès dans un pays comme la France du XVIIe siècle, où les Parlements, jouissant d’une indépendance absolue, jugaient dans la sérénité de leur conscience et sans obéir aux influences extérieures[1].

Les voisins déposèrent qu’ils avaient vu Gédéon Levy entrer dans le bois et en sortir avec une hotte sur le dos quelque temps avant qu’on eût trouvé les habits et la tête de l’enfant. Un autre témoin déclara que ce Gédéon lui avait dit d’aller chercher ces restes et lui avait indiqué l’endroit du bois où il les trouverait.

Le Parlement mit Gédéon Levy en prison et poursuivit l’instruction du procès.

Le crime était évident. Accablé par des témoignages écrasants, Raphaël Levy fut condamné à être brûlé vif et la sentence fut exécutée le 17 janvier 1670.

La mort de cet homme fut véritablement superbe. Il fit ses adieux à quelques-uns de ses coreligionnaires qui l’é-

  1. M. Emmanuel Michel, conseiller a la Cour royale de Metz, auteur d’un livre excellent, Histoire du Parlement de Metz, constate que si les magistrats lorraine éprouvaient le mépris général alors pour les Juifs, ils ne se départissaient pas vis-à vis d’eux de leur devoir d’impartialité. « En 1660, écrit-il, un Juif avait été tué par un soldat. C’est sur les instances de la cour que le coupable fut poursuivi. Il avait été arrêté, mais le commandant de la place et le colonel du régiment avaient placé des corps de garde devant la prison pour qu’on ne pût disposer du soldat. Le roi, par une lettre de cachet donnée à Vincennes le 29 juillet 1660, manda au Parlement qu’il venait de donner des ordres pour que les corps de garde fussent levés et que le cours de la justice ne fût pas interrompu. »