Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/486

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qui veut la prendre de force. Finalement l’affaire s’ébruite et, au mois de décembre 1885, la Cour d’appel de Rennes, statuant sous la présidence de M. de Kerbertin, condamne Cardinal à six mois et Leroy à un mois de prison.

Broussier, d’abord commissaire de police à Guines, où il avait commis d’innombrables vols, avait été envoyé par le ministre à Vendôme avec de l’avancement. Là, il trouva tout simple de se rendre à la gare, d’éventrer un sac de dépêches et d’emporter les lettres chargées. Le jury de Loir-et-Cher le condamna à cinq mois de prison au mois de février 1886. « Je suis toujours commissaire de police, dit-il au président, le ministère m’a accepté pour les colonies. » Il ira rejoindre son poste à l’expiration de sa peine et probablement avant.

Il serait dommage d’omettre Joyeux, le commissaire de police du quartier de la Folie-Méricourt. Cette affaire Laplacette, dont tous les journaux ont retenti au mois de mai 1884, est une des plus émouvantes, une de celles qui montrent le mieux combien notre société est dure aux petits. Ce Laplacette, entrepreneur de ventes à crédit, deux ou trois fois millionnaire, avait tout simplement rétabli, pour ses employés, la chaîne de l’esclavage antique, mais en la rendant plus lourde encore.

Pour éviter que ses courtiers ne l’abandonnassent, ce patron républicain, puisqu’on était sur le point de le décorer, avait trouvé un moyen ingénieux. Dès qu’une légère erreur se produisait dans le compte de ses employés, dès qu’il leur manquait deux ou trois francs de timbres, il les accusait d’abus de confiance et les effrayait avec les mandats de comparution en blanc que lui remettait son complice et son associé, le commissaire Joyeux. Les malheureux étaient amenés dans un local, qu’on appelait la cage, dans lequel se