Sans doute, les faits s’expliquent assez naturellement au point de vue humain. Ce n’est pas dans l’élite de la population que le pouvoir a pu trouver des auxiliaires et si tous les pendards ne sont pas pendus, ils finissent toujours, en continuant le cours de leurs exploit par heurter trop violemment la loi pour qu’on puisse étouffer l’affaire. C’est, je crois, Joseph de Maistre qui a dit « qu’il y avait plus de coquins courant après les châtiments que de châtiments courant après les coquins. » Malgré tout, les uns et les autres se rencontrent quelquefois.
Les frères Ballerich se précipitant, l’épée et le revolver au poing, dans un bureau de journal, ne semblent-ils pas la personnification de la Police elle-même affolée, éperdue, pervertie par l’impunité, que dis-je, par la récompense d’hommes comme Dulac et Clément qui ont accompli, sans avoir été encore poursuivis, des actes que le Code punit justement du bagne[1] ? Tout s’enchaîne. En matière d’effraction :
- ↑ Comparez l’article de Rochefort, les Policiers assassins, avec l’acte de Rochefort allant avec deux amis, en 1868, frapper chez lui un imprimeur impotent, et, avant d’entrer, attendant sur le boulevard Montparnasse que les ouvriers soient sortis. C’était la première foi que pareil fait se produisait. À un républicain seul pouvait venir
et loi envoie, dans un certain endroit, son pied armé d’un solide
sabot. La foule était menaçante ; le préfet eut peur et ne se retourna même pas pour
savoir qui venait de lui faire cette gratification.
« Il emporta sans rien dire le coup, et la bonne femme son sabot, qui fut acheté et
précieusement conservé sous globe, sur une cheminée de salon.
« Pour moi, dans la mort de Barrême, je reconnais la main de Dieu appesantie d’une
manière terrible contre un persécuteur excommunié.
« Ce que je crains le plus pour ce pauvre homme, c’est que depuis son honteux
exploit, il n’ait point songé à faire lever l’excommunication, »