Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/502

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Defly. Il y a là, comme le constate M. Buffet, un faux en écriture publique. Qu’importe ! Les Francs-Maçons font un signe à Humbert de la Chaîne d’union, qui présidait ce jour là, et celui-ci, qui ricane lorsqu’on parle devant lui de conscience ou d’honnêteté, affirme cyniquement que le vote est régulier. Le Sénat romain des derniers temps n’offre guère de spectacle plus abject[1].

  1. Ce fut le Juif Millaud, on le sait, qui enleva le vote en votant pour le Juif Naquet qui, n’ayant pas encore donné sa démission de député, ne pouvait valablement prendre part à un vote au Sénat. Millaud espérait, grâce à ce tour de Scapin, être nommé d’emblée premier président à la cour de Lyon à la place de l’intègre président Millevoye, mais au dernier moment Martin-Feuillée lui-même sentit son cœur défaillir et recula devant un pareil choix.
        Notez que l’indélicatesse de ce Juif qui dépose un vote frauduleux dans une question aussi importante n’est blâmée par aucun des hommes de son parti. L’incorruptible Brisson lui-méme n’a pas l’air de trouver cela mauvais. Quoi de plus instructif que ce passage du procès-verbal au moment où le président de la Chambre annonce la démission de Naquet.
        M. Jolibois. — C’est aujourd’hui seulement, si vous acceptez la démission de M. Naquet, que M. Naquet aura cessé d’être député. Je tiens donc à constater qu’il y a un prétendu sénateur qui a voté au Sénat, n’ayant pas le droit de le faire. (Applaudissements à droite. — Bruit)
        M. le Président. — Dans tous les cas la Chambre — et le président ne peut parler que de ce qui se passe à la Chambre — est saisit régulièrement de la démission de M. Naquet.
        Ce dans tous les cas n’est-il pas fabuleux ?
        La République, d’ailleurs, a introduit dans les mœurs parlementaires les habitudes des tapis-francs. On vole les bulletins, ou fait des faux, ou contrefait les écritures, sans que le président, que ce soit Brisson, Floquet ou Le Royer songe à intervenir. M. Laguerre, dans la séance du 29 décembre 1885, qualifie « d’escroquerie » le vote de M. Franconie ; M. Raoul Duval déclare que certains votes constituent « des faux en écriture publique passibles de la cour d’assises ; » le comte de l’Aigle constate que la Chambre est «  une caverne de brigands. » Pauvre France !