Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/90

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clarté, apparut à saint Hubert. Les soirs d’hiver, au milieu d’ombres fantastiques, une chasse étrange, la chasse royale faisait retentir les halliers de clameurs qui n’avaient rien d’humain. Quand un roi devait mourir, un personnage mystérieux, proche parent du Petit Homme rouge des Tuileries et qu’on appelait le Grand Veneur, prononçait trois fois le nom de celui qui allait disparaître.

L’âme de notre histoire ne parle-t-elle pas dans tous ces lieux ? Fontainebleau à demi païen, où les Nymphes de Jean Goujon semblent errer dans les allées, ne raconte-t-il pas François Ier, le Primatice, la poésie automnale de cette fin de règne où le paladin de Marignan vint chercher le repos dans ce palais fait à l’image de l’Italie qu’il avait rêvé de conquérir ? Tout un monde ne ressuscite-t-il pas dans cette chambre des Cariatides où « Jean Goujon, dit Michelet, communique aux pierres la grâce ondoyante, le souffle de la France, sait faire couler le marbre comme nos eaux indécises, lui donne le balancement des grandes herbes éphémères et des flottantes moissons ? » Versailles ne dit-il pas tout un siècle en un mot et les brillantes cavalcades et les grandes dames dans les calèches que Louis XIV aborde chapeau bas, et les splendeurs de tout ce règne évanoui ?

Parfois, quand le soir tombe, cette vision des temps lointains vient à plus d’un duc, d’un marquis, d’un comte honteux d’être le compagnon de tous ces coupeurs de bourse juifs que ses aïeux n’auraient pas regardés, et il murmure avec le poète :

Ah ! Que le son du cor est triste au fond des bois !

Fontainebleau est à Ephrussi, Versailles est à Hirsch, Ferrières est à Rothschild.