Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/92

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Les gardes du baron Hirsch sont là tout près, le fusil chargé. Le Petit Versaillais, un journal du pays, conte que, l’autre jour, une ordonnance traversait à cheval l’avenue qui conduit du boulevard de la Reine à la porte Saint-Antoine. Deux beaux chiens de chasse suivaient, appartenant à des officiers. L’un d’eux entre sous bois ; il revient bientôt avec la patte cassée et un œil crevé. L’autre disparaît dans une haie : il est tué raide. Le brigadier de gendarmerie a déclaré que M. le baron Hirsch donne à ses gardes un franc de prime par bête fauve abattue, avec prescription d’assimiler aux fauves tous les chiens rencontrés dans sa chasse. Mais sa chasse, c’est une propriété de l’Etat. Mais on devrait pouvoir prendre le frais dans sa chasse sans courir le risque de recevoir des grains de plomb dans le visage ! Un officier, la semaine passée, se promenait avec son enfant dans une allée en contrebas d’un taillis. Tout à coup quelqu’un tire. Le plomb fait pleuvoir des feuilles criblées sur la tête du petit, et l’enfant a peur. Le garde interpellé par l’officier répond simplement : « J’ai tiré sur une fouine. Quand j’en rencontre, j’ai ordre de tirer !

Avouez, entre nous, que ce garde a eu de la chance de tomber sur un officier contemporain ! S’il avait fait cette réponse à Kléber, à Desaix, à Marceau, à Pélissier ou à Bugeaud dans leur jeunesse, je crois que le baron Hirsch aurait passé un mauvais quart d’heure !

Après nos officiers, ce que le baron Hirsch déteste le plus, ce sont nos ouvriers. Il prend nos capitaux, mais il proteste avec indignation, dans la Gazette de Cologne, contre le soupçon même d’avoir fourni du travail à un seul Français :

La compagnie des chemins de fer ottomans, dit-il, a un caractère spécialement allemand ; elle a appelé en Turquie des centaines d’employés allemands, leur a fait une position, et leur a donné une existence, à eux et à leurs familles, fondant ainsi, sur le territoire turc, une véritable colonie allemande. Locomotives, voitures, ponts