Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA MONOMACHIE
de David et de Goliath


Celuy en vain se vante d’estre fort,
Qui aveuglé d’une ire outrecuidee
Xe voit combien peu sert un grnnd efib :t
Quand de raison la force n’est guidce.
L’humble faiblesse est volontiers aydee
De cestui-là, qui donne la victoire :
Mais du hautain la fureur desbridee
Pert en un coup et la force et la gloire.
Xv le canon, nv le glaive trenchant,
Xv le rempart, nv la fosse murée
Ont le pouvoir de sauver le meschant,
Dont le Seigneur la vengeance a jurée.
Les fiers torrens n’ont pas longue durée :
Et du sapin, umbrage des montagnes,
La hauteur n’est si ferme et asseuree,
Que l’arbrisseau, qui croist par les campagnes.
O Dieu guerrier. Dieu que je veux chanter,
Je te supply, tens les nerfs de ma lyre :
Xon pour le Grec, ou le Troyen vanter.
Mais le Berger que tu voulus cslire :
Ce fut celuv, qui s’opposant à l’ire
Du Philistin mesprisant ta hautesse,
Monstra combien puissante se peut dire
Dessous ta main une humble petitesse.
Toy, qui armé du saint pouvoir des cieux.
Devant l’honneur, et les yeux de la France,
Dont as jadis l’orgueil ambitieux,
Qui sa fureur perdit au camp d’outrance :
Puis que tu as de ce Dieu cognoissance,
Qui des plus grands a la gloire estouffée,
Escoute moy, qui louant sa puissance
Te viens ici ériger un trophée.
Le Philistin, et le peuple de Dieu
S’estoyent campez sur deux croppes voisines.
Ici estoit assis le camp Hebrieu :
Là se monstroyent les tentes Philistines :
Quand un guerrier flambant d’armes insignes