Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/212

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202 ŒUVRES COMPLÈTES DE J. DU ULLLAY Ne seroit rien qu’une espérance vaine. Ce souhait donq’ qu’il vous plaist de me faire, Trop plus qu’à moy à la France doit plaire, Pour le plaisir qu’elle auroit de ma peine. III Je ne voudrois de vous eslre enflammé Me cognoissant de si peu de valeur, Mais je voudrois que cest heureux malheur D’un plus scavant eust le cœur allumé. Car s’il estoit autant de vous aimé Qu’en vous louant celuy seroit d’honneur La France auroit sa part en ce bonheur, Et vostre los seroit partout semé. Je ferois voir tout ce que l’amour peut Dessus nos cœurs, et le ciel quand il veut Former ici une parfaite Dame. Mais pour louer telle perfection, Il me faudroit pareille affection Que ceste-là qui le Pétrarque enflamme. IV Si la beauté permettoit d’estre aymee En si haut lieu d’un tel cœur que le mien. Sans me vanter, dire j’oscrois bien, Qu’oncques beauté ne fut plus estimée : Non que le vol de ma plume animée Soit pour tenter un vol Icarien, Mais vous louant elle ne craindroit rien, Si de faveur elle estoit emplumee. Qui voudroit donc un tel Phœnix loiier. Il vous faudroit pour vostre l’advoùer, Luy inspirant la force et le courage, Ou bien faudroit qu’il tînt le mesme rang De cest esprit, honneur de vostre sang, Qui fut nommé le Phœnix de son aage.