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TREIZE SONNETS DE L’HONNESTE AMOUR

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I

Comme en l’object d’une vaine peincture
Je repaissoy plus l’esprit que le cœur,
A contempler du céleste vainqueur
La non encor’ bien comprise nature :
Je projettoy sous feinte couverture
Les premiers traicts de sa douce rigueur,
Mieux figurant la mort de sa vigueur,
Qu’imaginant le vif de sa poiucture.
Quand les saincts voeux de mon humble vouloir
Ne furent mis du tout en nonchaloir
Au paradis du Dieu de ma victoire.
Ou de sa main ce divin guerdonneur
M’a consacré prestre de son Honneur,
Pour y chanter les hymnes de sa gloire.


II

Ce ne sont pas ces beaux cheveux dorez
Xi ce beau front, qui l’honneur mesme honore
Ce ne sont pas les deux archets encore
De ces beaux yeux de cent veux adorez :
Ce ne sont pas les deux brins colorez
De ce coral : ces lèvres que j’adore.
Ce n’est ce teinct emprunté de l’Aurore,
Ni autre object des cœurs énamourez,
Ce ne sont pas ni ces lis, ni ces roses,
Xi CCS deux rangs de perles si bien closes,