Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/226

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V

Ce Paradis, qui souspire le basnie
D’une angelique et sainte gravité.
M’ouvre le ris, mais bien la Deité
Où mon esprit divinement se pasme.
Ces deux Soleils, deux flambeaux de mon ame,
Pour me rejoindre à la Divinité,
Percent l’obscur de mon humanité
Par les rayons de leur jumelle flamme
O cent fois donq, et cent fois bien-heureux
L’heureux aspect de mon Astre amoureux !
Puis que le ciel voulut à ma naissance
Du plus divin de mes afi"ections
Par Tallambic de vos perfections
Tirer d’Amour une cinquiesme essence.


VI

Quand je suis près de la flamme divine.
Où le flambeau d’Amour est allume.
Mon saint désir sainctement emplumc
Jusqu’au tiers ciel d’un prim-vol m’achemine.
Mes sens rassis d’une douce rapine
Laissent leur corps de grand aise pasmé,
Comme le Sainct des douze mieux aimé,
Qui reposa sur la saincte poitrine.
Ainsi l’esprit desdaignant nostre jour
Court, fuit, et vole en son propre séjour
Jusques à tant, que sa divine dextre
Hausse la bride au folastre désir
Du seriteur, qui près de son plaisir
Sent quelquefois l’absence de son maistre.


VII

Le Dieu bande a desbandé mes yeux,
Pour contempler cette beauté cachée
Qui ne se peut, tant soit bien recerchee,
Représenter en un cœur vicieux.