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Page:Du Bellay - L'Olive et quelques autres oeuvres poeticques, 1549.djvu/69

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au profond de l’Ame

  A darde la cruelle flamme

Que suy' contreint de vomir en mes Vers D'un son Tragic tout etrange, et diuers.

  Cruelle, tu voys de bien loing
  Ce feu, dont tu n'as point de soing,

Comme celuy qu'on voit voler parmy La Ville prise, ou le Camp ennemy.

  Tu m'as ouvert le manque Flanc
  Avecques cet Ivoyre blanc,

Qui montre au bout cinq Perles plus exquises Que d'Orient les Pierres tant requises.

  Pourquoy arraches-tu le Coeur,
  Dont Amour par toy feut vainqueur?

Pourquoy fais-tu ainsi que deux Tenailles, Sentir tes Mains en mes vives Entrailles?

  Les Tygres (ô fiere Beauté!)
  N'ont tant que toy, de Cruauté:

Ny le Serpent, qui se trayne soubz l'herbe, Ny des Lyons la Semence superbe.

  Pas n'avoit si grande rudesse
  La cruelle Vierge Déesse,

Qui fist aux chiens devorer le Veneur Criant en vain, Je suy' votre seigneur.

  Qui est celuy, qui ne s'etonne
  Quand le Pere courroussé tonne?

Dardant ca bas de foudroyante Main Le Traict vangeur de tout Acte inhumain.

  Amour pourtant dedans les Cieux
  Enflamme le plus grand des Dieux,

Hommes en terre, et