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vient de mon œil, qui adore
Ton sainct protraict, seul Dieu de mon soucy,
De mon cueur part maint soupir adoucy,
De tes yeulx sort le feu qui me devore.
Donques le prix de celuy qui t’honnore,
Est-ce la mort, et le marbre endurcy ?
O pleurs ingratz ! ingratz soupirs aussi,
Mon feu, ma mort, et ta rigueur encore.
De mon esprit les aesles sont guidées
Jusques au seing des plus haultes Idées
Idolatrant ta celeste beaulté.
O doulx pleurer ! ô doulx soupirs cuisans !
O doulce ardeur de deux soleilz luisans !
O doulce mort ! ô doulce cruaulté !
  
LIX
Moy, que l’amour a faict plus d’un Lëandre,
De cest oyseau prendray le blanc pennaige,
Qui en chantant plaingt la fin de son aage
Aux bordz herbuz du recourbé Mëandre.
Dessoubz mes chantz voudront (possible) apprendre
Maint bois sacré, et maint antre sauvage,
Non gueres loin de ce fameux rivage,
Où Meine va dedans Loyre se rendre.
Puis descendant en la saincte forest,
Où maint amant à l’umbrage encor’ est,
Iray chanter au bord oblivieux,
D’où arrachant vostre bruit non pareil,
De revoler icy hault envieux,
Luy feray voir l’un et l’autre soleil.
  
LX
Divin Ronsard, qui de l’arc à s