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cieux arbre,
Que l’orient ou le midy avoüe,
Vienne, où mon fleuve en ses ondes se joüe :
Il y verra l’or, l’ivoire, et le marbre.
Il y verra les perles, le cinabre
Et le cristal : et dira que je loüe
Un digne object de Florence, et Mantoue,
De Smyrne encor’, de Thebes, et Calabre.
Encor’ dira que la Touvre, et la Seine,
Avec’ la Saone arriveroient à peine
A la moitié d’un si divin ouvrage :
Ne cetuy là qui naguere a faict lire
En lettres d’or gravé sur son rivage
Le vieil honneur de l’une et l’autre lire.
  
LXIII
Ma plus grand’ force estoit retraicte au cœur,
Et contre Amour faisoit plus de deffence,
Quand ce cruel, pour venger telle offence,
Feut par mes yeulx de ma vertu vainqueur.
Lors de ses traictz ne sentoy’ la rigueur,
Lors je n’avoy’ de son feu congnoissance,
Lors ne cuidoy’ que sa haulte puissance
Sur ma foiblesse eust aucune vigueur.
Mais, ô le fruict de ma belle entreprise !
Il a choisi pour gaing de ma victoire
Au plus hault ciel la beauté, qui me tue :
Là, fault chercher le bien que tant je prise,
Faisant à tous par mon malheur notoire
Que l’homme en vain contre Dieu s’evertue.
  
LXIV
Comme jadis l’ame de l’univers
Enamourée en sa beaulté profonde,
Pour faç