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TRAGEDIE.

Depuis ce jour mon ame attachée à la vôtre,
Chériſſant ſon lien, n’en pourroit ſouffrir d’autre.
Je voulois ne devoir votre cœur qu’à mes feux,
Et vous vante à regret mon ſecours généreux.
Pour vous je ſuis captif ; mais je chéris ma chaine,
Ordonnez-vous ma mort en me paiant de haine ?
Expliquez-vous, Madame, & décidez mon ſort.

ANTIOPE.

Pour cacher mon penchant je fais un vain effort.
La crainte & le devoir m’ordonnent de vous taire,
Qu’à peine je vous vis, que je voulus vous plaire ;
Mais la reconnoiſſance arrache mon ſecret.
Hélas ! qu’en cet aveu mon cœur eſt indiſcret !
Si nos feux ſont connus, c’eſt fait de votre vie.
Je me perds, vous immole, & trahis Orithie.

THÉSÉE.

Songeons à la fléchir, ou cachons-lui nos feux,
Le ſort n’a plus pour moi de deſſeins rigoureux,
Il offre à mes regards la beauté qui m’enflamme ;
Mais on vient en ces lieux ; contraignez-vous, Madame,
Et mettons nos deſtins dans les mains de l’amour.