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LES AMAZONES,

Quand la force s’abat ſous un deſtin Barbare,
On plie en attendant que le temps la répare.
Les foudres de la guerre ont trop grondé ſur nous,
Un long calme peut ſeul en effacer les coups ;
Au repos de l’État vous vous devez, Madame,
La néceſſité parle, aſſerviſſez votre ame.

ANTIOPE.

Mais loin de ramener la Paix dans ces climats,
Mon himen peut un jour renverſer nos États.
Le Scythe ſur ce droit uniroit à ſon Thrône
La fertile contrée, où regne l’Amazone,
Et briſeroit l’airain où l’on grava nos loix.
Quoi ! nos Tyrans bannis redeviendroient nos Rois !
Et vantant nos appas rendroient notre ame eſclave ?
J’en frémis ; craignons tout d’un ſexe qui nous brave ;
Quand il paroît ſoumis, comptez-vous ſur ſa foi ?

ORITHIE.

Nos guerrieres ſçauront défendre notre loi.
La vertu qu’elle inſpire en ſoutient la puiſſance.

ANTIOPE.

Dès ce jour d’un Tyran puniſſons l’arrogance,
Et loin de me livrer pour appaiſer ſes coups,
Détruiſons ſes remparts.