Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/137

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bordonnés une sorte de proclamation, dans laquelle, après les avoir remerciés du concours qu’ils lui avaient prêté pour assurer le service, il disait : « Aujourd’hui ma ligne de conduite est toute tracée, nous devons nous retirer à Versailles auprès du seul gouvernement que tout bon citoyen doit défendre. » Cette instruction porte la date du 30 mars, et les employés s’y seraient probablement conformés, si, dès le lendemain, les ordres provoqués par la lettre du président Bonjean, immédiatement expédies par M. Lecour, n’étaient venus modifier leur intention. Ils comprirent que l’administration à laquelle ils appartiennent, toujours active au bien et adoptant, sans hésiter, un compromis qui pût éviter de grands malheurs, leur imposait un devoir difficile à suivre, mais dans lequel il fallait se maintenir imperturbablement.

La situation anormale où ils se trouvaient les avait déjà préoccupés, et deux d’entre eux s’étaient rendus à Versailles pour consulter leurs chefs hiérarchiques. Dans la matinée du 30 mars, M. Durlin, second greffier, et le surveillant Génin, montèrent dans la charette du sieur Fusil, blanchisseur des prisons de la Seine et demeurant à Boulogne. Cachés sous des paquets de linge, ils purent franchir les fortifications, gagner Versailles et recevoir de la bouche même de M. Lecour, chef de la première division de la Préfecture de police, l’invitation de ne quitter la Conciergerie qu’à la dernière extrémité. Ainsi se trouvait annulé l’ordre du jour du directeur régulier. MM. Durlin et Génin revinrent à Paris reprendre leur service, réconforter leurs compagnons et se préparer à la tâche qui leur incombait.

Cette tâche fut moins pénible pour eux qu’ils ne l’avaient cru. Les dimensions assez étroites de la prison y furent pour quelque chose, car elles ne permet-