Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/18

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suis rappelé cette lettre fameuse : « Je viens de faire tomber deux cents têtes à Lyon je me promets d’en faire tomber autant tous les jours ? les larmes de la joie et de la vertu inondent mes paupières sous l’effort d’une sainte sensibilité. » Le « sans-culotte » qui écrivait ceci devait plus tard être duc d’Otrante, exécuter les œuvres secrètes de l’Empire et protéger la seconde restauration, dont il fut le ministre. Les vices et l’ambition de Fouché étaient à l’Hôtel de Ville pendant la Commune ; mais j’y cherche son intelligence, et je ne la trouve pas.

On ne leur a pas laissé le loisir de prouver que pour le plus grand nombre la raideur des opinions n’était que la brutalité des convoitises ; ils restent des hommes violents, obtus, dont la logomachie ne trompera personne. Ce n’étaient que des malfaiteurs, qui ont invoqué des prétextes parce qu’ils n’avaient point de bonne raison à donner : les assassins ont dit qu’ils frappaient les ennemis du peuple, et ils ont tué les plus honnêtes gens du pays ; les voleurs ont dit qu’ils reprenaient le bien de la nation, et ils ont pillé les caisses publiques, démeublé les hôtels particuliers, dévalisé les caisses municipales ; les incendiaires ont dit qu’ils élevaient des obstacles contre l’armée monarchique, et ils ont mis le feu partout ; seuls les ivrognes ont été de bonne foi : ils ont dit qu’ils avaient soif, et ils ont défoncé les tonneaux. Les uns et les autres ont obéi aux impulsions de leur perversité ; mais la question politique était le dernier de leurs soucis. Cette vérité ressortira avec évidence de l’étude des documents, lorsque ceux-ci seront livrés à l’histoire.

On s’étonnera aussi de reconnaître que, pendant un règne de deux mois, ces hommes, qu’ils appartiennent au Comité central ou à la Commune, ne peuvent faire que le mal, et qu’il n’est pas une seule de leurs actions