Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/190

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n’est-il pas resté au milieu de ses complices et n-a-t-il pas aidé Genton à fusiller l’archevêque, Gabriel Ranvier à faire massacrer, rue Haxo, les prêtres et les gendarmes ? On ne sait. Il est probable que, voyant sa cause perdue, il a déserté le combat, a tenté de se dérober et d’éviter le châtiment dont il se sentait plus menacé que tout autre. Surpris, arrêté au moment où il allait changer de costume et chercher quelque refuge, il a su se raidir contre la destinée et faire bonne figure devant la mort. On doit regretter que sa vie ne se soit pas terminée le 25 mai, car Gustave Chaudey n’eût pas été assassiné.

Le greffier Clément et le brigadier Gentil disparurent sont-ils tombés sur une barricade ? ont-ils réussi à prendre la fuite ? Nous l’ignorons. Benn et Préau de Védel furent traduits devant le 6e conseil de guerre. Benn fut condamné à deux ans de prison pour usurpation de fonctions publiques. Préau de Védel s’agita, nia, protesta, mentit ; les témoignages qui l’accusaient étaient unanimes et l’écrasèrent. Lors même qu’elle l’eût voulu, la justice ne pouvait se montrer indulgente ; il fut condamné à mort et son recours en grâce fut rejeté. En présence de ces crimes froidement accomplis, sans haine comme sans hésitation on ne pouvait « préférer miséricorde à la rigueur des lois ». Avant de mourir, il écrivit à M. Thiers, alors président de la République : « Je suis assassiné… mais je meurs innocent et la postérité me vengera ! » Tous, du reste, tombent dans ce lieu commun et meurent en faisant appel à la postérité.

Il en est un cependant qui sut échapper à ce ridicule, c’est Augustin Ranvier. Lorsque, dans la matinée du 28 mai, les soldats français s’emparèrent de la rue Saint-Maur, ils fouillèrent la maison portant le n° 139, et, dans l’appartement occupé par une dame