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LA SANTÉ.

teau, Mortier, Guiral, Gouhier, Grolard, Audoynaud, Rousseau, Babik, Barroude, Dupont. »

Dans la journée du 20 mars, Beslay, malgré ses soixante-seize ans, vint lui-même à la Santé dans l’espoir de pouvoir emmener avec lui le général Chanzy ; il disait : « Je n’ai pas l’honneur de faire partie du Comité central ; mais ces jeunes gens sont déférents pour moi, ils m’écoutent et ne me désapprouveront pas. » Ce fut peine perdue. Il fut seulement permis à Charles Beslay de communiquer avec le général, et de faire élargir, par ordre de Duval, le lieutenant Gaudin de Villaine[1]. Tout ordre, de quelque part qu’il vînt, qui n’était point accepté et approuvé par le secteur, était considéré comme non avenu : M. Sarrazin, avocat, se présente à la Santé, muni d’une autorisation délivrée par Charles Lullier, pour voir le général Chanzy ; les sentinelles postées devant la cellule s’opposent à la visite et ne veulent obéir qu’à la signature de leur chef immédiat. On se rend à l’état-major du secteur, c’est-à-dire à la manufacture des Gobelins ; au-dessous du permis accordé par Lullier, on lit : « J’autorise de communiquer avec le général Chanzy, pourvu que le

  1. M. Charles Beslay, qui est un homme d’une bonté rare, n’épargna rien pour faire relaxer les officiers détenus à la Santé ; il s’adressa à diverses autorités du moment, et, s’il n’obtint pas la liberté des « otages », il put du moins leur porter ses encouragements. Les deux pièces suivantes prouvent que M. Charles Beslay multiplia ses démarches : « Paris, 21 mars 1871. — Ordre est donné au citoyen Beslay de se rendre à la prison de la Santé et de communiquer avec le général Chanzy et autres prisonniers qu’il jugera à propos de visiter. En outre, ordre est donné d’élargir le citoyen Gaudin de Villaine, arrêté depuis le 18 mars. — Signé : E. Duval. » — « Ministère de l’intérieur, cabinet du ministre, 22 mars 1871. — Le citoyen Charles Beslay est délégué afin de veiller à ce que les généraux prisonniers soient mis, tant sous le rapport de la surveillance que du traitement, en état de satisfaire à la fois la prudence nécessaire et la générosité populaire. — Signé : Ed. Vaillant. »