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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/219

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L'ORDRE D'EXÉCUTION.

convoi de vingt-deux voitures chargées de tonneaux de poudre et de munitions de guerre s’arrêta devant la porte de la prison. L’officier fédéré qui le conduisait exhiba un ordre émanant de l’état-major et enjoignant au directeur d’avoir à emmagasiner toutes ces matières explosibles dans les sous-sols de sa maison. Caullet fit appeler M. Tixier, qui se récria : — on n’avait d’ordres à recevoir que du délégué à la sûreté générale ; le chef hiérarchique des directeurs de prisons est le chef du troisième bureau de la première division de la Préfecture de police ; lui seul régulièrement pouvait imposer la réception de cet amas de poudre dont la place était au dépôt des munitions du ixe secteur ; obéir à l’injonction d’un officier n’exerçant aucune autorité légitime sur la maison pénitentiaire, ce serait commettre un acte imprudent, dont les conséquences retomberaient sur celui qui s’en rendrait coupable. M. Tixier ne faisait qu’exprimer son opinion : c’était au directeur à décider s’il voulait accepter une telle responsabilité et jouer sa tête pour plaire à Sérizier.

Caullet ne se souciait pas de recevoir ces barils de poudre. Se sentant soutenu par les greffiers, il refusa de laisser décharger les voitures et ne toléra même pas qu’on les fit entrer dans la cour. Il envoya prévenir Ferré et lui demanda ses instructions. L’ordre fut péremptoire : le directeur Caullet doit recevoir les munitions, les placer dans les sous-sols de la Santé et faire immédiatement élever des barricades par les fédérés qui gardent le poste d’entrée afin de défendre l’accès de la prison. — Les greffiers se récrièrent de plus belle : — Ferré, délégué à la sûreté générale, empiétait sur les attributions de Delescluze, délégué à la guerre ; il ne pouvait sous aucun prétexte changer la destination de la maison ; celle-ci était prison et non point poudrière ; le devoir de Caullet était de désobéir à un