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LA SANTÉ.

gard mobile, encore plus inquiet que de coutume. Elle le suivit des yeux ; elle le vit causer avec un ouvrier, entrer chez un marchand de vin, sortir et pénétrer dans une maison où un corroyeur belge occupait quelques ouvriers.

Elle ne le dénonça pas elle-même, car elle avait de graves raisons pour ne point laisser soupçonner le rôle qu’elle avait joué. Le lendemain, 17 octobre, M. Grillières, commissaire de police du quartier de la Gare, qui déjà, sur révélations erronées, avait fait plus de trente perquisitions inutiles pour découvrir Sérizier, fut prévenu par un petit négociant que celui-ci travaillait dans un atelier de la rue Galande. M. Grillières partit immédiatement, accompagné de son secrétaire et de deux inspecteurs. Arrivé rue Galande, il apprit que le corroyeur recherché avait déménagé la veille au soir. Où avait-il transporté son domicile ? On ne le savait trop ; on croyait cependant lui avoir entendu dire qu’il allait s’établir dans le quartier des Halles. M. Grillières y courut, fouilla vainement toutes les boutiques de corroyeurs, de maroquiniers, de marchands de cuir et ne découvrit aucun Sérizier. Il commençait à désespérer, lorsque, vers cinq heures du soir, en traversant une petite rue qui aboutit à la Halle aux Blés, il vit prés d’une porte une voiture de déménagement pleine de rouleaux de cuir, de peaux préparées et d’ustensiles qu’un homme déchargeait. Il entra dans une boutique où se trouvait un homme qui en paraissait le propriétaire. Le dialogue suivant s’établit : « Vous êtes corroyeur ? — Oui, monsieur. — Moi, je suis commissaire de police. Depuis quand habitez-vous le quartier ? — Depuis hier au soir. — Où étiez-vous auparavant ? — Rue Galande. — Combien employez-vous d’ouvriers ? — Deux : celui qui est occupé à décharger la voiture et que j’ai chez moi depuis quatorze ans ; l’autre qui a été