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L’ARRIVÉE DES OTAGES.

auprès des autres, comptés plusieurs fois par le brigadier Ramain, les otages restaient impassibles, debout et cherchant à trouver un point d’appui contre la muraille, car le trajet dans les voitures de factage les avait fatigués. Ramain prit une lanterne, s’assura d’un coup d’œil que les surveillants étaient près de lui, puis il dit : « Allons, en route ! » On traversa l’avant-greffe, on franchit le grand escalier, et, tournant à gauche, on pénétra dans la quatrième section. Une sorte de classement hiérarchique présida au choix des cellules : Mgr Darboy eut le no 1, M. le président Bonjean le no 2, M. Deguerry le no 5, Mgr Surat, archidiacre de Paris, le no 4 ; la meilleure cellule, moins étroite et moins dénuée que les autres, le no 35, échut à l’abbé de Marsy.

Dès qu’un des otages, obéissant aux ordres de Ramain surveillé par François, avait dépassé la porte de son cabanon, celle-ci était fermée ; on poussait le gros verrou et un tour de clé « bouclait » le malheureux. Nulle lumière ; l’obscurité était complète dans ces cachots ; on tâta les murs, on essaya de se reconnaître dans la nuit profonde. L’ameublement se composait d’une couchette en fer, garnie d’une paillasse, d’un matelas, d’un traversin, le tout enveloppé d’un drap de toile bise et d’une maigre couverture ; pas une chaise, pas un escabeau, pas un vase, pas même la cruche d’eau traditionnelle. Au petit jour, les détenus placés dans les cellules de droite purent apercevoir le premier chemin de ronde ; ceux qui étaient à gauche avaient vue sur le préau, que l’on nomme aussi la cour principale.

Le bruit d’une maison qui s’éveille, la rumeur des détenus de droit commun qui traînaient leurs sabots sur les pavés, ne laissèrent pas les otages dormir longtemps le matin. M. Rabut qui, en qualité de commissaire de police, connaissait bien le règlement discipli-