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LA GRANDE-ROQUETTE.

delà des armées de l’Allemagne, Jules Allix, l’ancien délégué à la mairie du viiie arrondissement, arrivait, tout rayonnant, sur les hauteurs de Belleville. Avec le bonheur qui accompagne les fous, il avait, nous ne savons comment, traversé Paris, et il apportait cette bonne nouvelle que, le centre de la ville étant dégarni de troupes, rien n’était plus facile que de s’en emparer ; il suffisait pour cela de faire une « légère poussée » ; la Commune alors serait victorieuse à jamais et l’on rentrerait dans l’ère de la félicité universelle. Au lendemain de la victoire, le gouvernement légal eut pitié de ce pauvre homme et s’empressa de le réintégrer à Charenton, d’où il n’aurait jamais dû sortir.

Th. Ferré ne se battait pas, car cela ne paraît pas avoir été dans ses habitudes ; plus délégué que jamais à la sûreté générale, il se sentait charge d’âmes et pensa aux otages qui étaient fort nombreux encore, car la Petite-Roquette seule contenait mille trois cent trente-trois soldats, amenés de différentes casernes, ainsi que nous l’avons déjà dit. La Grande-Roquette était moins peuplée : elle renfermait cent soixante-sept détenus criminels et trois cent quinze otages. Ceux-ci n’étaient point réunis dans la même division. Les survivants de la quatrième section étaient enfermés dans le bâtiment de l’ouest ; un groupe de quatre-vingt-quinze militaires était placé dans les dortoirs en commun du même bâtiment. Dans le bâtiment de l’est, séparé de l’autre par la cour principale, la première section, occupée la veille encore par les gendarmes massacrés au secteur de la rue Haxo, était déshabitée ; au-dessus, au deuxième étage, des sergents de ville étaient incarcérés ; au troisième étage, troisième section, quelques prêtres, des artilleurs, des soldats de différentes armes étaient en cellule. Celles où les ecclésiastiques étaient emprisonnés seraient restées fermées, si l’on s’était con-