Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/37

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aussi un choc douloureux, et l’irritation fut vive dans tous les cœurs contre le gouvernement de la Défense nationale. Le président. Bonjean a exprimé l’opinion du plus grand nombre, lorsqu’il écrivait, à la date du 27 janvier : « Cette misérable fin d’un siège où la population de Paris a montré tant de courage et tant d’abnégation n’est due qu’à la criminelle incurie des incapables qui ont pris en main la direction de nos affaires. »

La garde nationale, elle, criait simplement à la trahison. On l’avait tant flattée, tant flagornée depuis cinq mois, elle avait reçu en plein visage tant de coups d’encensoir intéressés, qu’elle avait fini par se croire héroïque, et qu’elle ne comprenait pas que sa seule présence en deçà du mur d’enceinte n’ait pas mis en fuite les armées allemandes qui campaient au delà. À cette heure, vouloir continuer la guerre était une folie. C’était en octobre, en novembre, en décembre même, qu’il eût fallu tenter le grand effort ; mais maintenant il était trop tard, et tout était bien fini. Dans des conciliabules secrets où péroraient les prochains maîtres de Paris, Flourens, Théophile Ferré, Raoul Rigault et quelques révolutionnaires en sous-ordre, tels que Duval, Mouton, Pindy, on parlait de faire « la trouée » et de se jeter dans le Bocage, afin d’y recommencer une Vendée laïque et radicale. Cela n’était pas sérieux et n’avait d’autre but que de tenir en haleine le mécontentement public. Les inventeurs de ces projets savaient bien que l’on s’était laissé, maladroitement pour ne dire plus, acculer dans une impasse et que l’on n’en pouvait sortir que par la porte d’une paix onéreuse ; mais néanmoins ils s’en allaient criant : « Gardons nos armes ! » qu’on ne leur demandait pas, et promettaient toute victoire à des gens qui n’avaient pas envie de se battre. Ils insistaient sur l’héroïsme, — c’était le mot consa-