Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
372
PIÈCES JUSTIFICATIVES.

Le corps de l’archevêque, ayant été embaumé, fut exposé sur un lit de parade dans une çhapelle ardente, à l’archevêché, du 1er au 7 juin. Je me joignis à l’immense multitude de peuple qui traversa le palais épiscopal pour jeter un dernier regard sur les traits bien connus de celui que sa charité chrétienne, ses actes de bienfaisance, sa cordialité de cœur, sa bonté pour les pauvres et les humbles, avaient rendu cher à tous.

Tel est le récit que j’ai cru devoir vous tracer succinctement de la mort de Mgr Darboy. Que n’ai-je été assez heureux pour sauver sa précieuse existence ! C’était un homme éminent, et l’on ne pouvait avoir commerce avec lui sans être captivé par son caractère sympathique et sa parole lumineuse. Instruit, éloquent, libéral et juste, il mettait en pratique toutes les vertus chrétiennes. Il a subi son destin avec la fermeté d’un martyr et mérite que tous les cœurs généreux payent un tribut de respect à sa mémoire.

J’ai l’honneur d’être, etc.

E. B. Washburne.


M. WASHBURNE À M. FISH

No 423.

légation des états-unis.

Paris, 23 avril 1871. Reçu 10 mai.

Monsieur,

… Vous êtes informé que Mgr Darboy, archevêque de Paris, a été appréhendé, il y a quelque temps, par ordre de la Commune, et jeté en prison pour y être retenu comme otage. Un pareil traitement envers cet homme dévoué et excellent ne pouvait manquer de faire grande sensation, surtout dans le monde catholique. Dans la nuit de jeudi dernier, je reçus une lettre de Mgr Chigi, archevêque de Myre et nonce apostolique du Saint-Siège, et aussi une communication de MM. Louvrier, chanoine du diocèse de Paris, Lagarde, vicaire général de Paris, Bonnet et Allain, chanoines et membres du chapitre métropolitain de l’Église de Paris : tous m’adressant un appel énergique, au nom du droit des gens, de l’humanité et de la sympathie, pour que j’interpose mes bons offices en faveur de l’archevêque prisonnier. J’ai pensé que je ne ferais que me conformer à ce qui me paraît être la politique de notre gouvernement et aux désirs qui devaient être les vôtres dans cette circonstance, en me rendant au vœu de cette requête. En conséquence, je me suis mis, ce matin de bonne heure, en communication avec le général Cluseret, qui parait être ici, pour le présent, l’homme dirigeant. Je lui