Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
382
PIÈCES JUSTIFICATIVES.

désir d’alléger ses souffrances en prison, je me suis décidé à prêter tous mes bons offices en cette affaire. Dans votre visite à Versailles, j’espère que vous pourrez amener M. Thiers à consentir à l’échange. Je crois que la Commune est prête à élargir plusieurs prisonniers, y compris M. Bonjean, en plus de l’archevêque, dans le cas où Blanqui serait mis en liberté. C’est une considération de plus à faire valoir auprès de M. Thiers.

Je suis, etc.

E. B. WASHBURNE.


MGR CHIGI À M. WASHBURNE.
Versailles-Montreuil, 12 mai 1871.
Monsieur et cher collègue,

M. Mac Kean m’a remis ce matin la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser hier, ainsi que la copie du mémorandum écrit par l’archevêque de Paris, et j’ai reçu également, il y a quelques jours, par la poste et fort en retard, l’autre lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire le 29 avril, avec les deux lettres qui y étaient jointes de Mgr Darboy pour l’abbé Lagarde, à qui je les ai remises immédiatement. Ce matin j’ai envoyé confidentiellement à M. Thiers le mémoire de l’archevêque, et je l’ai prié de me répondre confidentiellement afin de pouvoir vous envoyer cette réponse, pour être communiquée par vos soins à Mgr Darboy. Si je la reçois, comme cela a été promis, vers 3 heures, je m’empresserai de vous la transmettre, en vous priant de la faire connaître à Mgr l’archevêque. En attendant, il est bon que vous sachiez où en sont les affaires.

M. Thiers ayant reçu, il y a quelques jours, la lettre apportée par l’abbé Lagarde, l’a soumise d’abord au conseil des ministres, puis à la commission des quinze députés qu’il s’est adjoints ; il a également soumis au conseil et à la commission la question d’échange, de Blanqui d’une part, et de l’archevêque avec quatre ou cinq ecclésiastiques d’autre part, et tous ont refusé unanimement leur consentement à un semblable arrangement[1]. Après cela, M. Thiers a déclaré que, malgré le désir qu’il éprouvait de voir l’archevêque en liberté, ainsi que l’abbé Deguerry, qui était son ami personnel, il ne pou-

  1. L’unanimité ne fut point aussi complète que le pense Mgr Chigi ; je crois être en mesure d’affirmer qu’un des membres de la commission, prévoyant les dangers trop réels que courait la vie de l’archevêque de Paris, insista vivement pour que l’échange fût opéré ; il ne parvint pas à faire partager son opinion à ses collègues, ni à ébranler la détermination de M. Thiers. M. D.