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association. Les statuts sont adoptés le 24 février ; 114 bataillons avaient adhéré et s’étaient engagés à ne reconnaitre d’autre autorité que celle du Comité central, qui dès cette heure est constitué, et devient dans Paris une puissance contre laquelle nul n’est plus en mesure de lutter. Une résolution, qui fut votée séance tenante à l’unanimité, prouve à quels subterfuges on avait recours pour égarer des hommes plus surexcités que malfaisants. On fit appel à leur patriotisme, on leur demanda un dernier, un suprême sacrifice pour l’honneur du pays ; ils s’offrirent par acclamation, sans même se douter que leurs chefs cachaient une arrière-pensée et les trompaient.

On sait qu’en vertu d’un article de la capitulation, l’armée allemande avait le droit d’occuper quelques quartiers de Paris, entre l’époque de la réunion de l’Assemblée nationale à Bordeaux et l’acceptation par celle-ci des préliminaires de la paix, comportant la cession de l’Alsace, celle d’une partie de la Lorraine et le payement d’une indemnité de guerre de cinq milliards. C’est sur ce fait que les rêveurs de république universelle, sans se soucier des amputations que le pays subissait, sans rougir de se révolter en présence de l’ennemi, c’est sur ce fait que le Comité central machina son stratagème. La fédération de la garde nationale et tous les malheurs qu’elle a produits ont eu pour acte de naissance cette motion proposée a la réunion générale du 24 février : « Les délégués soumettront à leurs cercles respectifs de compagnie la résolution suivante : Au premier signal de l’entrée des Prussiens dans Paris, tous les gardes nationaux s’engagent à se rendre immédiatement, en armes, à leur lieu ordinaire de réunion, pour se porter ensuite contre l’ennemi envahisseur. » Adopté à l’unanimité.

C’est là un sujet qu’il convient d’épuiser par antici-