Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/52

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patriotique de faire un sacrifice d’argent, de continuer la solde pendant deux mois encore et de ne pas promettre la misère a des gens qui croyaient sincèrement s’être dévoues au salut du pays. C’eût été fort onéreux pour le trésor public ; mais en regard de ce que la Commune a coûté, c’eût été une louable économie. Du 18 mars au 22 mai, combien n’avons-nous pas entendu d’hommes, auxquels nous reprochions de servir cette mauvaise cause, nous répondre : « Vous avez raison ; mais il faut vivre, et j’ai ma solde ! »

Le désarmement de la garde nationale n’était qu’une question d’argent. En 1848, après la révolution de février, les blanquistes inondèrent Paris d’affiches : « Citoyens, conservez vos armes ; la réaction relève la tête, vous aurez bientôt a vous en servir contre elle. » Ces armes étaient nombreuses ; on avait pitié les casernes et désarmé les troupes. Le gouvernement provisoire fit preuve d’esprit ; il promit cinq francs par fusil, deux francs par sabre, un franc par baïonnette que l’on rapporterait aux mairies ; huit jours après, les dépôts avaient plus d’armes qu’on ne leur en avait enlevé, car beaucoup de gardes nationaux besoigneux avaient restitué les fusils que le capitaine d’armement leur avait remis pour faire leur service.

Nul doute qu’en mars t87[ la population parisienne n eut d’abord regimbé ; elle eût certainement prêté l’oreille aux ordres du Comité central; mais peu à peu la pénurie aidant, bien des fusils seraient rentrés, et des canons aussi. Le 19 mars, dans la soirée, nous avons vu acheter une mitrailleuse gardée par des fédérés pas trop cher : 75 francs ! Quelques milliers d’énergumènes se seraient refusés a toute transaction et auraient voulu « vaincre ou mourir » on les aurait vaincus avec plus de facilité et moins d’incendies. Le département de la Seine avait fourni 21 000 mobiles