Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/59

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ment placé sous les ordres de Bergeret. La manifestation était absolument pacifique ; elle criait : « Vive la paix ! vive l’ordre ! vive l’Assemblée ! » Elle fut accueillie par une fusillade à bout portant : treize morts et de nombreux blessés apprenaient à la partie saine de la population parisienne que tout espoir de modération était à jamais brisé. Le Comité central décréta que les assassins de la place Vendôme avaient bien mérité de la patrie, et le gouvernement réfugié à Versailles, l’Assemblée nationale, tous les honnêtes gens, furent désespérés en comprenant dans quelle voie on allait être obligé de marcher.

Paris, sûr de vaincre, Versailles, voulant affirmer sa ferme volonté de reconquérir la capitale de la France, avaient hâte d’en venir aux mains. Le 2 avril, des fédérés et des troupes de ligne se trouvèrent face à face dans l’avenue de Courbevoie. Avant d’ouvrir le feu on voulut encore, malgré tant de déceptions, essayer de ramener les insurgés à la sagesse et au respect des lois. M. Pasquier, chirurgien en chef de l’armée, revêtu de son uniforme, portant la croix de Genève au bras et au képi, s’avance en parlementaire ; il est immédiatement tué. Dès lors la guerre fut sans merci. Le 3 avril, la Commune veut marcher sur Versailles et faire cette fameuse opération dont le lieutenant de marine Lullier, un de ses généraux, a dit : « Au point de vue politique, cette sortie était insensée ; au point de vue militaire, elle était au-dessous de toute critique. » À Châtillon, le général Duval est pris et fusillé sur place ; Flourens, dont les troupes étaient en débandade, se réfugie chez un aubergiste prés du pont de Chatou ; il est découvert et reconnu au moment où il changeait de costume ; un capitaine de gendarmerie lui fend la tête d’un coup de sabre. L’armée régulière se conformait aux exemples que les fédérés lui avaient donnés. De