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LE DÉPÔT.

n’est pas assez : le lendemain, Mgr Surat, archidiacre de Paris, M. Moléon, curé de Saint-Séverin, sont réunis à eux. Jusqu’aux derniers jours de la Commune il en sera ainsi ; partout où l’on pourra saisir un séminariste, comme le jeune Seigneret, un sacristain, un bedeau, un prêtre, un religieux, on l’enfermera, sans autre forme de procès, parce qu’il adore un Dieu que la Commune ne reconnaît pas, et s’il demande pourquoi on l’arrête, on lui dira : « Voilà quinze cents ans que vous nous la faites, et ça finit par nous embêter. » C’est du moins ce que Raoul Rigault répondit à l’archevêque. Ces prêtres étaient bien placés entre les mains de Garreau, qui éprouvait une telle haine contre la religion, que l’on fut obligé, le 29 mars, de faire partir les sœurs de Marie-Joseph, quoique déguisées sous vêtements ordinaires, parce qu’il parlait sans cesse de faire fusiller « toutes ces nonnes ».

Chez l’abbé Deguerry, on avait pillè comme dans une ville mise à sac[1] ; à l’archevêché, on y mit un peu moins de sans-façon. L’archevêque avait été arrêté à son domicile par un capitaine de fédérés nommé Révol, homme assez complexe, à ce qu’il paraît, car, s’il avait porté la main sur Mgr Darboy, il fit des efforts sérieux pour obtenir l’élargissement de l’abbé Crozes, qui avait été saisi dans l’antichambre de Raoul Rigault au moment où il venait demander une permission pour visiter un prêtre détenu. Ce Révol fut incarcéré à son tour et écroué à Mazas ; il put en sortir le 22 mai et se mêla aux derniers combattants de la Commune ; moins spirituel que la plupart de ses chefs, il se laissa prendre et fut exécuté dans les fossés du château de Vincennes, en compagnie d’un prince Bagration, fourvoyé, on ne

  1. Voir Les Convulsions de Paris, t. IV, chap. II. — III. Les arrestations.