Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
LES ARRESTATIONS.

une sorte d’abus d’autorité commis par esprit de taquinerie et par ignorance ; mais alors il fallut changer d’opinion, regarder les choses en face et comprendre ce qu’elles cachaient. L’issue du combat du 3 avril, de la fameuse sortie en masse, avait exaspéré la Commune, qui reconnaissait du même coup sa faiblesse congénitale et la force de ce grand parti des honnêtes gens que l’on n’attaque pas toujours en vain. Elle eut immédiatement recours aux mesures excessives ; se sentant perdue dans un avenir plus ou moins prochain, elle voulut appuyer sa débilité sur la terreur. Elle fit afficher une proclamation et un décret qui remplirent Paris de stupeur :

« Les coupables, vous les connaissez ; ce sont les gendarmes et les sergents de ville de l’empire, ce sont les royalistes de Charrette et de Cathelineau qui marchent contre Paris au cri de vive le roi, et le drapeau blanc en tête. Le gouvernement de Versailles se met en dehors des lois de la guerre et de l’humanité… Toujours généreux et juste, même dans sa colère, le peuple abhorre le sang comme il abhorre la guerre civile, mais il a le droit de se protéger contre les attentats sauvages de ses ennemis, et, quoiqu’il lui en coûte, il rendra œil pour œil et dent pour dent… » Puis suivait le décret : « Article 4. Tous accusés retenus par le verdict du jury d’accusation seront les otages du peuple de Paris. — Article 5. Toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan du gouvernement régulier de la Commune de Paris sera sur-le-champ suivie de l’exécution d’un nombre triple des otages retenus en vertu de l’article 4, et qui seront désignés par le sort. »

C’est sur la proposition de Raoul Rigault, de Th. Ferré, de Gabriel Ranvier, que cette motion fut adoptée. La proclamation qui précède le décret est signée : La