Page:Du Camp - Les chants modernes, 1855.djvu/5

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PRÉFACE Dis ce que tu fais, fais ce que tu dis. VICTOR Hugo. Il est d’usage, à notre époque, quand on publie un nou- veau volume de vers, de s’écrier dans sa préface : « Encore des poésies ! à quoi bon ? Le public les dédaigne, il les feuil- lette d’un doigt distrait, et passe outre pour aller à ses af- faires ! » Puis le poète se plaint de l’amertume des temps et interjette un modeste appel à la postérité ! Nous ne suivrons pas cette coutume ; nous n’accuserons pas le public, car nous le trouvons souvent débonnaire jus- qu’à l’excès, et, si notre temps nous repousse, nous ne nous en prendrons qu’à notre insuffisance. Je comparerais volontiers le public à ces voyageurs qui descendent do diligence pour dîner dans une auberge de petite ville. On leur sert des mets à peine réchauffés qui ont déjà paru dix fois peut-être aux repas précédents et qu’on a cherché à relever par une sauce improvisée ; la ser- vante en sabots les apporte l’un après l’autre lentement et maladroitement ; le conducteur presse les pauvres affamés ; 1