Page:Du Camp - Paris, tome 4.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fiter prennent des leçons de souplesse et d’agilité sous la direction d’un professeur spécial.

Malgré cette verdure, malgré l’espace, malgré l’éblouissante propreté qui règne dans tous les appartements, je ne connais pas d’hôpital, de prison, plus pénible à visiter que cette maison où la charité et la science réunissent leurs efforts pour élever des enfants malingres. M. Michelet l’appelle « le funèbre hospice » ; il a raison. Lorsqu’on voit des détenus pâtir dans leur triste cellule, lorsqu’on rencontre un vieillard indigent et infirme qui se traîne, en béquillant, dans les préaux d’un refuge, à l’un et souvent à l’autre on peut dire : Qu’as-tu fait de la vie, et n’as-tu pas aujourd’hui le châtiment des fautes que tu as commises ? Mais à ces enfants, à ces embryons vagissants, pour la plupart déjà flétris par des maladies héréditaires, à ces produits de la débauche accouplée à l’ivresse, à ces débris que le ruisseau de la dépravation a charriés jusqu’au seuil de l’asile hospitalier, que peut-on reprocher ? de quoi ne sont-ils pas innocents ? Pourquoi cette malédiction sur eux ? de quels crimes sont-ils punis ? en vertu de quelle loi brutale et incompréhensible entrent-ils dans la vie par la porte noire et mettent-ils, au jour même de leur naissance, le pied sur la route maudite faite d’obstacles et de précipices ? C’est là qu’est la vraie pitié, la commisération profonde, l’émotion poignante, et c’est vers ces pauvres êtres si rudement scellés dans l’infortune que la charité devrait se tourner avec le plus de largeur et de persistance, car là tout est à sauver, la chair et l’esprit. Certes ils sont mieux, beaucoup mieux soignés par les filles de service, par les sœurs, par les surveillantes, par les chirurgiens, par les médecins, par les internes attachés à la maison, qu’ils ne l’auraient été par leurs parents ; mais le cœur n’en reste pas moins navré en regardant