Page:Du Camp - Paris, tome 4.djvu/353

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général des aliénés de la Seine, fut chargé de surveiller la mise en œuvre, n’a reçu qu’un commencement d’exécution par la construction de trois vastes asiles, Sainte-Anne, Ville-Évrard et Vaucluse ; l’on s’est vu obligé de changer la destination primitivement attribuée à deux de ces établissements : Sainte-Anne devait être un hôpital clinique pour l’aliénation mentale, Ville-Évrard était réservée à une maison de convalescence où le malade eût trouvé la transition indispensable entre la vie disciplinée de l’asile et la vie libre. Aujourd’hui, Sainte-Anne, Ville-Évrard et Vaucluse sont des asiles où l’on reçoit indifféremment toute sorte d’affections mentales, récentes, anciennes, intermittentes, chroniques, durables ou incurables.

Sur le boulevard Saint-Jacques s’ouvre la rue Ferrus, qui débouche dans la rue Cabanis, en face d’une grande grille par laquelle on pénètre dans l’ancienne ferme, devenue l’asile Sainte-Anne. Un vaste bâtiment servait autrefois de bureau central, avant qu’on eût abandonné le système des placements volontaires, auxquels on reviendra certainement ; il sert de logement au médecin résidant et au médecin adjoint, mais il pourrait être utilisé d’une façon normale à recevoir les malades expédiés d’urgence par les hôpitaux, dont le plus souvent le délire revêt la forme de l’aliénation sans être l’aliénation même, et se dissipe rapidement sous l’influence de l’isolement aidé par les moyens thérapeutiques.

On pousse une grille et l’on pénètre dans l’asile proprement dit. Ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est la nudité des terrains : des allées sablées, un vaste gazon, pas un arbre. Il ne peut guère en être autrement, l’asile n’ayant été inauguré que le 1er mai 1867. Au lointain, sur sa colline grise, on aperçoit Bicêtre : les deux tristes maisons peuvent se regarder à travers l’espace. Les bâtiments exclusivement réservés aux malades