Aller au contenu

Page:Du Camp - Paris, tome 4.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dront. Et s’ils sont si nombreux parmi nous, c’est que Paris est non-seulement un lieu d’attraction, mais aussi un lieu de transit pour ceux qui vont en Angleterre et en Amérique.

La question est plus grave qu’une question de simple police. À moins de promulguer une loi qui empêche l’émigration, l’Italie ne peut se refuser à délivrer des passe-ports, et à moins d’être armée d’une loi qui interdise l’immigration, la France ne peut clore sa frontière aux voyageurs. Au mois de mai 1868, le sénat italien a été saisi d’un projet de loi qui pourrait apporter certaines entraves à ce genre de trafic, mais — quandoque bonus dormitat — il faut croire que la formule définitive rencontre de grandes difficultés, car on en est toujours au même point. L’article 1er contient toute la loi en germe : nul enfant ne peut être conduit à l’étranger, loué ou cédé, à moins qu’il n’ait seize ans accomplis. — Il est à désirer qu’un parti radical soit rapidement pris à ce sujet, car le scandale est au comble et nous sommes littéralement envahis. Si, en vertu de la loi du 3 décembre 1849, nous expulsons les patrons, en admettant toutefois qu’on ait réussi à s’en emparer dans des conditions qui permettent de constater leur culpabilité, les enfants sont immédiatement pris par d’autres exploiteurs ; si au contraire ce sont les enfants que nous renvoyons dans leur pays, ils sont sans délai cédés de nouveau par leurs parents à un patron qui nous les ramène. Agir par masse d’expulsions, sans se préoccuper des erreurs qu’on pourrait commettre, ce serait manquer aux lois les plus simples de l’humanité ; c’est là du reste un procédé mauvais, que des temps révolutionnaires même n’ont pu faire excuser et qui serait de nature à justifier des représailles. Cependant ne pas montrer quelque vigueur en présence d’un mal si particulièrement persistant, n’est-ce pas s’en rendre com-