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CHAPITRE III

LE VOYAGEUR

Attaché à la glèbe du journal, pouvant à peine s’éloigner de Paris où il était retenu par l’obligation d’assister aux représentations dramatiques dont il avait à rendre compte, Théophile Gautier, semblable à un prisonnier qui contemple la campagne à travers les barreaux de ses fenêtres, regardait idéalement par-dessus les frontières et rêvait de s’en aller vers des pays qu’il ne connaissait pas. Il n’avait jamais voyagé, car je ne compte pas une excursion en Belgique faite en compagnie de Gérard de Nerval. Dans ses œuvres de première jeunesse, il ne ménage pas les allusions à sa vie sédentaire ; on en peut conclure qu’elle lui pèse et qu’il saisirait avec empressement le bâton blanc des poètes pèlerins. Il sentait peut-être instinctivement que les impressions recueillies sous des cieux étrangers seraient un complément fécond a son éducation littéraire déjà si riche ; il avait, pour ainsi dire, épuisé