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THÉOPHILE GAUTIER.

sion littéraire le voulait ainsi ; dans certains poèmes, dans certains romans signés de noms célèbres en ce temps-là, on trouverait sans peine des descriptions qui n’ont certainement pas été faites ad usum Delphini. Après Albertus, Théophile Gautier publia : la Comédie de la mort, poème auquel sont réunies les poésies composées de 1833 à 1838. L’auteur a précisé les dates : « À une heure après midi, jeudi 25 janvier 1838, j’ai fini ce présent volume : gloire à Dieu et paix aux hommes de bonne volonté. » Le livre fut édité par Désessart, qui ne le paya pas[1].

Je ne serais pas surpris que la Comédie de la mort eût été, non pas inspirée, mais suscitée par l’Ahasvérus d’Edgar Quinet, qui eut un prodigieux retentissement lorsqu’il parut en 1833, soulevant des problèmes dont plus d’un esprit d’élite fut troublé. Interroger la vie, interroger la mort pour découvrir à quelle fin l’homme a été créé, c’était tentant pour un poète, même lorsqu’il sait que ni la mort ni la vie ne pourront répondre à la question que l’humanité s’est posée depuis sa naissance et qu’elle se posera tant qu’elle existera. C’est l’inconnu, c’est l’insoluble. Après tant d’autres, Théophile Gautier a voulu tourner autour du problème et il a écrit le poème auquel il eût pu donner pour épigraphe la dernière parole que prononça Walter Raleigh, avant

  1. Au mois d’avril 1890, j’ai marchandé chez un bouquiniste un exemplaire de la première édition de ce volume, grand in-octavo de 376 pages, en bel état de conservation ; le prix était de 300 francs.