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LE POÈTE.

dit : « Je n’ai, Dieu merci, aucune idée voltairienne à l’endroit du clergé ; » mais la clairvoyance de son esprit ne lui permet pas de fermer les yeux à la palpabilité des faits et il constate, en Espagne, à Cordoue, que le catholicisme, « miné par l’esprit d’examen, s’affaiblit de jour en jour, même aux contrées où il régnait en souverain absolu » ; plus loin, à propos des cathédrales qu’éleva la foi du moyen âge, il déplore l’affaiblissement des croyances, mais ce regret n’est que celui d’un artiste écœuré des médiocrités de son temps. Cela prouve que, comme George Sand, il avait une âme impossible à satisfaire avec ce qui intéresse la plupart des hommes.

En politique il est neutre, sans effort, par indifférence et surtout par dédain ; il trouvait que les gouvernements sous lesquels il avait vécu, se ressemblaient en ce point, que tous avaient eu peur de paraître avoir de l’esprit. Il les envisageait presque exclusivement dans leurs rapports avec les arts : cela lui donnait la partie belle lorsqu’il était en humeur de critiquer. Avant le ministère du 2 janvier 1870, la direction des beaux-arts était rattachée au Ministère de la maison de l’Empereur, dont le maréchal Vaillant était le titulaire. Gautier disait : « Choisir un maréchal de France, guerrier vénérable, mais dont l’esthétique laisse à désirer, pour donner l’impulsion à la peinture, à l’architecture, à la sculpture et à la musique, est une idée aussi pharamineuse que de confier le commandement des armées à Ingres, peintre de la Stratonice, ou à Adolphe Adam, chantre